DIMANCHE D’un commun accord, j’écoute les propositions de l’Atelier dans l’auto. Avec les années, sans que nous l’ayons rencontré François Bon est devenu un familier. Mon compagnon est toujours curieux de l’avancée de ses travaux, du groupe, de sa réflexion. Nombre des propositions destinées à l’écriture sont applicables à sa pratique du dessin et de la peinture. En chemin, j’expose ma difficulté avec les descriptions, alors même que j’ambitionnais (et encore aujourd’hui, car il est vrai que j’aime à mettre au travail ce que je ne comprends pas ou connais mal, comme je le fais chaque année à l’occasion de l’atelier des élèves du CNSMDP, à chaque spectacle de Café Europa) faire un atelier consacré au paysage. Ceci écrit, je pense à cette blague ou un homme vient implorer Dieu à la synagogue, semaine après semaine, pour qu’il le fasse gagner au loto. Excédé, il finit par apparaître à l’obstiné et lui admoneste l’injonction exaspérée : « Mais joue au moins ! » Un biais d’approche pourrait se trouver dans les propositions de Carver : un homme qui vient de commettre un meurtre regarde un lac. Ne parler ni de l’homme ni du lac. Oui, par ce biais je pourrais commencer quelque chose qui se refuse autrement. D’autant que nous roulons vers Gand. Tous les étés, nous allons à Gand. Si nous pouvions, nous irions aussi l’hiver. Une fois encore, je vais y chercher un polar gantois. La semaine dernière Romain Dumas (cf Écrire l’été II) m’a demandé avec étonnement si j’aimerais écrire un polar. Bien sûr, je rêve d’écrire des polars. Mais je voudrais précisément écrire un polar gantois. C’est un conseil (un ordre ? Une prescription ?) que m’a donné une libraire bruxelloise devant ma déception quant à l’absence de cette localisation dans les polars traduits en français, mais également dans les polars existant dans ses étagères flamandes. Une certaine littérature policière ne s’est pas coupée du terrain. Cette couleur locale, cette redneckery [1] comme disait C.S Lewis.
Et une autre chose m’importe : le voyage initiatique qu’elle permet. Trop souvent, les héros et héroïnes sont inoxydables et l’intrigue n’est plus qu’un trait d’esprit, un puzzle à une seule image. Inutiles à les relire, à moins d’avoir perdu le souvenir du comment, mais pas de quoi. Arno Bertina dans sa conférence sur la littérature documentaire est interpelé par une personne de l’assemblée qui lui signale l’avènement du polar au XIXe siècle pour étayer son propos. Le monde est devenu trop compliqué, le polar en montre le chaos, puis le remet en ordre. En ordre de quoi ? De marche ? J’ai écrit cette phrase au tout début de l’atelier de cet été : Un bateau part cette nuit qui les emmènera de l’autre côté de la Méditerranée et de là, il mettra le monde en ordre de beauté, avec sa ruse et la force de ce frère, bloc de confiance aveugle à ses côtés. Un autre biais d’approche : l’ordre de beauté.
LUNDI Quête modeste pour ce séjour, trouver un polar gantois traduit en anglais, puisque je n’en trouve pas en français. Une quête abordable, qu’on croirait réglée en moins de temps qu’il ne faut pour le ressasser ici. On aurait bien tort. Elle ferait un livre, cette quête de rien du tout. The English Bookshop, où j’escomptais plier l’affaire est devenue WINE and English books. J’entre malgré tout. Le gars ne lit pas de polars, n’en a pas dans le stock qui lui reste, n’a jamais entendu parler d’un Gantois porté sur le roman noir. Mais gentiment cette fin de non-recevoir, il m’envoie au Cheval de Troie, courir ma chance. C’est évidemment une fourberie : dès que le nom du canasson est dit, on sait qu’on donne droit dans un piège, qu’à cheval donné on ne regarde pas les dents et qu’ensuite on s’en mort les doigts, on n’a plus qu’à lui laisser la bride sur le coup, la bestiole n’en fait qu’à sa tête de soldate. Bref, un grand jeune homme dévoué, avec un reste de vernis vermillon sur les ongles très courts, qui lui donne un air de jeu de petite fille, me vend avec fougue un roman de Willem Frederik Herman. Il s’excuse de l’absence de polars gantois, traduits ou non. Personne ne se fait tuer dans cette ville ? je demande. Nous sommes un petit pays, nous avons un comportement amical les uns envers les autres, m’assène-t-il avec un petit sourire malin. Mais au moins, il ne s’attend pas à ce que je m’y colle. Il insiste pour que j’embarque La Chambre noire de Damoclès (tout le monde lit ça ici, c’est au programme. Un roman majeur). Le résumé est dystopique à souhait et le mot d’introduction, de John Le Carré. Je veux bien que ça ne soit pas un roman noir, mais alors quoi ? J’en embarque un autre, du même (La Maison préservée ? Het behouden Huis), dont le résumé est encore plus attirant et qui commence quand quelqu’un (un partisan de l’armée rouge) arrive quelque part (dans une maison vide où il s’endort, exténué), jusqu’à ce que quelqu’un d’autre (une patrouille allemande) arrive là également et qu’il se retrouve obligé de se faire passer pour le propriétaire pour sauver sa peau.
Tout ça m’amène à réfléchir sur un autre aspect de la Sentimenthèque : d’où ? Sur quels territoires courent mes lectures ? Je fais un bref passage en revue, d’abord persuadée d’une faille néerlandaise, le souvenir vague d’Anna Enquist remonte à la surface. Cela remonte… à mon dernier passage à Amsterdam, recherche obligée pour les titres (le Chef d’Œuvre). De C.S Noteboom, le nom seul. J’imagine que l’Afrique noire est la parente pauvre de mes lectures. La Méditerranée tient une bonne place : les chroniqueurs algériens, Kamel Dawoud et Saïd Mekbel… Un si grand désir de leur emboîter le pas, mais je ne sais les approcher que dans la régularité du Journal d’un Mot. Je ne sais pas écrire politique, inventer la façon dont ici on pourrait s’engager comme ils l’ont fait là-bas.) Quand je voyage, je lis local, comme je bois et mange local. Tout Henry James après Boston, Tchekhov et Pouchkine à GITIS, Kilito en Égypte. Il y a aussi des parentèles qui s’expriment étrangement dans la littérature : née dans un pays de neige, j’ai beaucoup lu scandinave. La Guadeloupe de ma belle-famille m’a ramenée à Dany Laferrière (rencontré par la bande à l’occasion du film Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer). Grand rayon russo-balkanique dans la Sentimenthèque (les états-uniens nous ont été fournis avec le plan Marshall).
Dans l’après-midi, nous voyageons sous une pluie battante jusqu’à une plage des Pays-Bas. Trempés comme des soupes et contents comme tout dans un grand hangar avec vue sur la mer très chaleureux et pourtant tout blanc, vitré, beaucoup de plantes vertes pétant la forme pendues un peu partout. Je n’écrirai pas aujourd’hui, ou seulement ce journal, je le sais. Mais plus tard, quand nous marchons sur le sable dur de la plage, j’apprends ce mot : l’estran, limite de l’eau sur le sable. Il faudra réécrire #L1 avec ce mot, ou peut-être pas, mais le moment me revient : un grand et un rusé arrivent au bord de la mer, le grand a peur de l’eau, le rusé veut traverser… J’ai attribué ce récit au jeune médecin écossais de la caravane Kafila, une suite de son journal de bord, journal au bord donc, alors que la caravane est arrivée, l’écriture se prolonge, jumelle de mon long hors Sérail qui fait le livre. Un autre personnage de la caravane pourrait avoir écrit cela, Monsieur, le vétérinaire français converti à l’Islam, ou au moins à la compagnie des Bédouins. Avec ses mains de femme…
MARDI Arrêt de la nuit entre 4 h et 5 h 30, toute consacrée à imagination d’un format pour l’édition papier des trois ans du Journal d’un Mot. D’être couchée, je pense à un livre assez épais, carré, très aéré. Je vois bien la mise en page. Une version poche serait plus pratique et moins chère, mais l’éphéméride intrinsèque à ce journal sans année en ferait un bon livre de chevet ? Je réfléchis aussi aux bonus associés à la précommande. Trois mois d’abonnement à la version audio de la Dose de Poésie ? Six mois ? Au petit-déjeuner j’expose mes plans. On me fait valoir assez justement que je ne peux pas me mettre dans la situation de ne plus rien pouvoir faire d’autre que dédommager ceux et celles qui auront acheté le livre. J’aimerais discuter de tout cela avec les gens du Tiers-Livre. J’ai l’impression que la nouvelle formule proposée par François Bon à partir de la rentrée laissera plus de place aux aspects pratiques… Il faut que je fasse des recherches sur les livres audio (maintenant que Sébastien Bailly a résolu la question des marque-pages). Encore un jour où je ne pourrai pas me mettre en face de mon manuscrit, mais en sentir grandir l’envie n’est pas une moindre chose. Arrive un moment où un certain travail a été fait, il ne reste plus qu’à aller se promener le long d’un cours et les éléments dispersés rappliquent, comme ces chiens inconnus qui accompagnent parfois la marche pendant plusieurs kilomètres. Il est possible qu’Isis se soit simplement assise au bord du Nil et qu’alors les membres épars d’Osiris soient remontés vers elle comme des saumons. Un des casse-tête du Voyage d’Osmin est la chronologie que j’impose : il part au début des années 30, il reste absent 25 ans, mais la petite-fille de la soigneuse le retrouve de nos jours. Ou dans les années 90? Je suis coutumière de ce genre de périple spatio-temporel : je l’ai déjà expérimenté dans Carnets d’un Disparu et, dans une moindre mesure dans le Voyage à Reims , je sais donc que le public s’en satisfait comme d’une convention reposant sur l’évidence que « les anciens sont les anciens et nous sommes les gens de maintenant », c’est-à-dire que la personne qui parle, qui hante, sur la scène leur est contemporaine, quand bien même elle incarne un personnage du siècle passé. Et surtout, nous aimons davantage les histoires que la vraisemblance. Donc, je n’avais jamais pensé donner une quelconque explication à la longévité d’O., pas plus qu’à son imperceptible vieillissement en 60 ans. J’ai été bien surprise quand une s’est proposée au début de l’été. Si elle n’avait pas apporté avec elle une structure narrative permettant une réorganisation de mes textes, elle se serait fait retoquer illico. Mais du fait ou en dépit de cet apport, j’étais depuis plusieurs semaines confrontée à un problème technique bien connu : comment ne pas détailler les soixante années de pérégrination d’O. ? J’ai pu confondre ce détail avec le projet de cette écriture, mais l’heure n’est plus à pénéloper pour demeurer en contact avec le Sérail bien-aimé, et je sens que je vais vers une certaine clôture en faisant le livre, nécessaire, bienvenue. Nous marchons le long du canal, je pense à O. et à l’eau. Aux textes déjà écrits où l’eau parle (pour certains depuis longtemps, pour d’autres récemment, en augmentation du manuscrit), je pense au lac de Skodar, aux clés, dans ma poche, de l’ambassade du Pontévédro à Paris. Et la séquence est la suivante : le jeune médecin écossais et le vétérinaire de la caravane, Monsieur, ont repris contact. Le vétérinaire est bel et bien une femme, plus âgée (Isabelle Eberhard, j’avais pensé à elle et je l’avais oubliée). Une correspondance ? Ostinato du Grand et du Rusé dans ses souvenirs de vieille femme. Un enregistrement de ses souvenirs par le médecin écossais. O. se souvient du docteur des chameaux, le français. Il ne se souvient pas de la guerre. Il y a eu une guerre ? Tu ne te souviens pas de la guerre ? Quand ? Je me suis endormi près d’un lac… Dans la Chauve-Souris, j’avais réduit deux fastidieuses pages d’explications du Directeur de la prison au dernier acte par un échange de trois phrases : En ma qualité de directeur de cet honorable établissement…/Ah bon ?/Eh oui. Impression similaire soudain. Un geste rythmique.
MERCREDI À mon dernier retour de Gand, quelqu’un (je crois : Ugo Pandolfi) m’avait envoyé un fait divers propre à polarisé un récit noir. Impossible d’en trouver trace. Dans la même période, j’avais eu, avec quelques millions d’auditeurs de France Inter, des nouvelles de Michel Fourniret, ou plutôt une absence persistante de nouvelles d’Estelle Mouzin qui avait 9 ans en 2003 quand elle a disparu à Guermantes. C’est là que ça avait dérapé, le projet bien propret, bien fictionnel du polar gantois, au profit du chassé-croisé d’une thésarde en littérature occupée à Guermantes et de la geste monstrueuse de l’assassin.
Savez-vous si Guermantes qui a dû être un nom de gens, était déjà dans la famille Pâris, ou plutôt pour parler un langage plus décent, si le nom de Comte ou Marquis de Guermantes était un titre de parents des Pâris, et s’il est entièrement éteint et à prendre pour un littérateur ?
Proust à Georges de Lauris au début de l’été 1909
Je fouine dans mes notes (tragiquement éparses). Je ne retrouve que deux petits extraits: Au reste, comment leur salle à manger, leur galerie obscure, aux meubles de peluche rouge, que je pouvais apercevoir quelquefois par la fenêtre de notre cuisine, ne m’auraient-ils pas semblé posséder le charme mystérieux du faubourg Saint-Germain, en faire partie d’une façon essentielle, y être géographiquement situés, puisque avoir été reçu dans cette salle à manger, c’était être allé dans le faubourg Saint-Germain, en avoir respiré l’atmosphère, puisque ceux qui, avant d’aller à table, s’asseyaient à côté de Mme de Guermantes sur le canapé de cuir de la galerie, étaient tous du faubourg Saint-Germain ?
Quant au petit bout de jardin qui s’étendait entre de hautes murailles, derrière l’hôtel, et où l’été Mme de Guermantes faisait après dîner servir des liqueurs et l’orangeade, comment n’aurais-je pas pensé que s’asseoir, entre neuf et onze heures du soir, sur ses chaises de fer — douées d’un aussi grand pouvoir que le canapé de cuir — sans respirer les brises particulières au faubourg Saint-Germain était aussi impossible que de faire la sieste dans l’oasis de Figuig, sans être par cela même en Afrique ?
Pourquoi ceux-là plutôt que d’autres ? On ne peut pas dire que les entrées « Guermantes » manquent dans La Recherche… Et plus étonnant encore, dans le même fichier, l’extrait d’un article sur Pourquoi ? de Laurent Albarracin.
Il part et se joue de la fameuse formule d’Angelius Silesius : « La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu’elle fleurit ». Qui est ce type ? J’avais dû me poser la question, mais en l’absence de note, c’est à refaire. Ce qui frappe c’est d’une part l’absence de relation immédiate avec Guermantes et donc l’espèce de chou blanc qu’est cette rose dans mon actuel prédicament. Mais d’autre part, cette passation de l’inusable rose de poètes à poètes. Je n’en note que trois qui particulièrement m’intéressent : Marceline Desbordes-Valmore dans le vent du soufisme, avec les Roses de Saâdi (et c’est l’occasion de découvrir des dictions périssantes d’ennui du poème, mais aussi une mélodie composée par Hélène Covatti, dont je découvre l’œuvre). Rilke et son épitaphe Rose, ô pure contradiction, désir de n’être le sommeil de personne sous tant de paupières. Et finalement Jorge Luis Borges qui regarde la fleur sous toutes ses coutures, tantôt en désaccord apparent avec Silesius : Eh bien moi j’affirme le contraire, j’affirme qu’une tenace conspiration de pourquois est indispensable pour que la rose soit rose. Je crois qu’il faut toujours plus d’une cause pour la gloire instantanée ou le fiasco immédiat d’un vers. Je crois dans les mystères raisonnables, pas dans les miracles sauvages. Tantôt en embrassant sa proposition : Die Rose ist ohn Warum. … La sentence du mystique vise à prévenir la possible profanation que renferme toute analyse de la beauté.
JEUDI La lecture de la Chambre noire de Damoclès couplée au visionnage de l’intégrale Twin Peaks fait courir les Doppelgänger en liberté dans mes rêves. Le jour ce n’est pas mieux, cherchant à mieux connaître Willem Frederik Herman, je tombe sur une élogieuse critique par Kundera dans Le Monde. Or l’intégrale Kundera occupe le lecteur du chevet d’à côté depuis quelques semaines. Le Ceylan du matin a une tête de Serendip et il semble que ma vie puisse produire autant de coïncidences vaseuses que le plus mauvais polar. Je me mets en face de mon PDF, j’ai bien attendu ce moment. J’ambitionnais de passer à dix pages par jour dans cette dernière longueur de l’été. Je n’avais pas considéré que cela pourrait être, ou comporter des pages à réécrire, à revisiter, à réattribuer. C’est ce qui se passe. Dans mes coffres de matière accumulée, il y a de quoi enrichir la voix d’O. (cette voix intérieure de Vardaman, tout intérieure). D’abord en retravaillant des textes sans verbes conjugués ou presque. Puis dans des matériaux versifiés qui apparaîtront bien plus tard, à force de voyage et de solitude. Ce qui a changé c’est la peur de ne plus retrouver mon chemin, de perdre le fil, comme l’a dit récemment Nathalie Holt. Non. C’est encore mal rangé — et ça le restera probablement, je me méfie de l’ordre indiscuté, du bon goût, de la rassurance par l’élimination du saillant — mais cela restera dans le secteur.
Un objet qu’on a démonté et en le remontant il reste des pièces. Un objet qu’on a démonté et en le remontant il manque des pièces. Un objet qu’on a démonté et en le remontant de nouvelles pièces s’y proposent. Voilà ce qu’est le livre.
VENDREDI En préparant un dîner beaucoup plus élaboré que prévu, mais simple (des légumes), je vois ce qui est en train d’arriver au livre. Son dénouement est, ne peut être qu’une longue scène dialoguée. Après tant de voix intérieures, de solitude, de recherche, deux personnes se parlent. Il ne s’agit plus tant d’expliciter le modus operandi du livre, même si un peu de courtoisie élémentaire ne fait pas forcément de mal, que d’expliciter le jeu de la fiction lui-même et plus avant encore : de traverser cette forme dialoguée, qui est et sera toujours mon retour à la maison-théâtre.
Je désespère de finir la lecture de Valet noir avant la rentrée. Mais surtout, je désespère de ma lecture : une pause de 10 jours a fait s’envoler tout ce que j’avais compris. Non, je mens. Je sens bien que j’ai pris avec moi des éléments de réflexion, de sa liberté rythmique, des références et surtout de la vitalité et que tout cela traverse désormais ce que j’entreprends (carottes Pondichéry, vélo ou écriture). Mais — la fréquentation de l’atelier n’est pas pour rien là-dedans — la nécessité d’échanger avec les personnes qui écrivent, au-delà de la lecture de leurs écrits, se fait plus pressante. Perplexe et gênée, j’ouvre dans Ulysses « Questions à Cavallin ». La première : Is she in 2 worlds ? dessine une cartographie enfantine et presque secrète.
Qu’est-ce que ça peut vouloir dire pour moi, avec tous mes chantiers simultanés, écrire dix pages par jour ? Entre le Journal d’un mot, celui-ci et le travail du PDF, c’est dur de penser en ces termes. En écrivant cette phrase, j’ai l’impression d’avoir douze ans. Au lieu de compter sur mes doigts, je vais faire un tour de jardin.
[1] Littéralement : peau-rougerie.
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